Front Laïque N°91 – édito de J-J. Brière de l’Isle

Editorial

La question que se posent tous nos gouvernants en ce moment, c’est « le MUR ». Où et comment construire un mur ?

Un mur est fait pour protéger des êtres vivants, des êtres humains – parfois apeurés. L’idée peut paraître généreuse : protéger ses semblables, quelle noble tâche. D’ailleurs, les grecs qui ont inventé la démocratie (pouvoir du peuple) mais aussi la banque (trapeza) ont aussi inventé un nom pour celui qui protège les hommes : Alexandre !

Donc, les gouvernants veulent nous protéger et, pour ce faire, ils construisent partout des murs ; contre qui ou quoi ? Contre l’invasion – l’invasion par d’autres hommes. Ainsi, entre le Mexique et les États-Unis, ainsi entre Israël et Gaza, maintenant entre la Serbie et la Hongrie. Parfois, le mur devient muraille, rempart, ligne fortifiée – comme en Corée et, pour rigoler, la ligne Maginot qui a tenu quatre mois. C’est mieux que le mur de Berlin qui a tenu 28 ans.

Alors, à quoi servent-ils ces murs, sinon à rassurer ceux qui ont peur ? Ceux qui ont peur ainsi et qui construisent des murs (ça rapporte gros aux marchands de béton ou de fil de fer) ne craignent pas l’orage ou la pollution, ou la maladie, ils craignent « l’étranger » un autre être humain, en général en détresse, démuni de tout et qui a besoin d’être protégé, aidé, secouru, nourri, désaltéré, réchauffé. Bref, tout ce qu’un être humain va prodiguer à un autre, appliquant en cela le principe républicain ou humaniste de fraternité.

Mais, celui-là même qui, il y a encore peu, incitait à la guerre en Syrie, suivant ses prédécesseurs qui ont mis à feu et à sang la Libye et l’Irak, aujourd’hui, rechigne à assumer les conséquences de ses actes et chipote sur l’accueil des malheureux qui fuient les bombes et la guerre. On entend certaines personnes, qui, reprenant les mots d’un premier ministre « socialiste ! »  disent « qu’on ne peut accueillir toute la misère du monde ! »

Que ces bons samaritains ne s’inquiètent pas, nos gouvernants vont trier les bons réfugiés et les mauvais migrants.

Et pendant ce temps là, les grands patrons de l’industrie et de la finance, les patrons des multinationales continueront de faire « migrer » leurs bénéfices dans les paradis fiscaux tout en utilisant au noir les immigrés sans droits.

D’ailleurs, ils attendent avec impatience que leurs relations dans les allées du pouvoir, finissent de mettre à bas le Code du Travail.

Alors, elle n’est pas belle la vie ?

Jean-Jacques Brière de l’Isle