Les Cinq de Dordogne : Edouard LAFLAQUIERE

Frédéric Mathieu, auteur du livre « 14-18, les fusillés« , détaille ainsi les circonstances dans lesquelles Edouard LAFLAQUIERE a été fusillé pour l’exemple :

Fils de Marcelin Laflaquière et de Marie Saint-Amand. Célibataire, il exerce à Cendrieux (Dordogne) la profession de cultivateur.

Soldat de 2e classe à la 1ère compagnie du 250ème RI (matricule n° 194 au recrutement de Périgueux), il participe le 5 octobre 1914, à Andechy (Somme), à un mouvement collectif de mutilation : Jean Chantegreil se coupe un doigt de la main gauche avec sa serpe; Édouard Laflaquière s’entaille deux doigts de la main gauche avec sa hachette; son frère, Pierre, se tire un coup de fusil dans la main gauche. Examinés le 6 octobre 1914 par le médecin major de l’ambulance nOB du 4e CA, les trois hommes sont suspectés de mutilation volontaire et arrêtés. Interrogé, Édouard Laflaquière reconnaît les faits:

«Dans la nuit du 4 au 5 courant, j’étais avec ma compagnie dans les tranchées du côté du bourg de Andechy (Somme). Vers 9 heures du soir, nous avons été attaqués par une fusillade ennemie et par une compagnie du 250c RI qui tirait également sur nous; nous avons crié à cette dernière de cesser le feu, mais elle n’a cessé qu’un moment après.

il s’est produit un désarroi dans la compagnie et presque aussitôt, nous avons quitté les tranchées pour venir nous réfugier près d’un cimetière. Je me suis couché sur de la paille avec quelques-uns de mes camarades et nous nous sommes endormis. La compagnie est partie sans que je m’en aperçoive. Je l’ai retrouvée hier marin au point du jour. Hier matin [lundi 5 octobre 1914], toute la compagnie est allée se mettre en tirailleurs sur la lisière d’un bois, mais les éclats d’obus tombaient sur nous. J’ai reculé avec quelques-uns de mes camarades entre autre mon cousin Laflaquière (Élie) 268, et nous nous sommes cachés dans le bois pendant que notre compagnie se portait en avant, et c’est à ce moment que je l’ai perdue; il était environ 8 heures du matin, Nous avons passé la journée dans le bois et, au cours de la nuit dernière, j’ai décidé de me blesser volontairement afin de pouvoir entrer à l’hôpital pour avoir quelques jours de repos, car je suis fatigué.

J’ai demandé à mon cousin Laflaquière (Élie), qu’il me prête sa hachette qu’il portait sur son sac, ce qu’il a fait, et je me suis blessé deux doigts de la main gauche. Ensuite j’ai ouvert mon paquet de pansement et je me suis enveloppé la main, puis je me suis dirigé vers Guerbigny,

Je regrette beaucoup m’être blessé et, pour réparer ma faute, je désire retourner au feu le plus tôt possible.

Mon cousin Laflaquière (Élie), qui est avec moi, ainsi que Chantegreil o can) , ont dû aussi se blesser volontairement, mais j’ignore dans quelles circonstances. Nous avons fait ce complot tous les trois ensemble. Je dois vous dire que Laflaquière (Élie) est nullement mon cousin, mais mon propre frère. »

Déférés le Il octobre 1914 devant un conseil de guerre spécial de la 8e DI siégeant à Hargicourt (Somme), Chantegreil et les frères Laflaquière sont condamnés à mort pour le motif suivant: «refus d’obéissance alors qu’ils étaient commandés de marcher à l’ennemi». Les trois hommes sont fusillés le lendemain du jugement (7 h 30), à Bouchoir (Somme), devant le 250ème RI rassemblé.

L’acte de décès d’Édouard Laflaquière a été transcrit à la mairie de Veyrines-de-Vergt (Dordogne) le 2 avril 1916. Son nom figure sur le monument aux morts de cette commune.

SOURCES,’ Arch. Com. Veyrines, naiss. – Arch. Nat., 324MIl1, fiches des NMPF. – SIID Vincennes, l1J604,JrvL

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